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Migrations

 

 

La génèse du projet :

Le département des Hautes-Alpes, siège de la compagnie, jouxtant la frontière Italienne est historiquement une terre de passage, d'accueil, d'exil, la route qui traverse les Alpes, en provenance de l'Italie, de la Méditerranée. Une terre de rencontres.

Notre nouveau projet est né d'une rencontre, d'une histoire d'amour en noir et blanc. Lacina, ivoirien a prit la route clandestine pour laisser derrière lui un contexte qu'il ne pouvait plus vivre, pour sauver sa vie quatre années de périple, la traversée du Sahara, le travail en Algérie pour gagner l'argent qui lui permettra de poursuivre sa route, sa vente par les passeurs à un réseau de traite d'êtres humains en Libye, la traversée de la Méditerranée à bord d'un zodiac, le repêchage en mer par une Organisation humanitaire, l'arrivée en Italie, le passage du Col de Montgenèvre en hiver, les années de galère administrative, d'attente, sans argent, de squatte en squatte, puis débouté du droit d'asile, la peur, la vie sans papiers, sans possibilité de se projeter, d'imaginer un avenir... puis un jour une rencontre, la notre. Il nous raconte son histoire, tout comme Aboubacar qui vit à Paris dans une tente au bord du périphérique, affronter la faim et le froid, la peur au ventre de se faire expulser, de se faire déloger cette nuit encore par la police. Anicet qui vit dans la jungle calaisienne à la recherche de sa femme et de sa fille disparues, fuyant leur pays car en danger de mort, la famille s'était donné rendez-vous à Calais pour partir ensemble en Grande-Bretagne, sa femme et sa fille n'arriveront jamais à destination, aujourd'hui Anicet erre comme une ombre dans les allées calaisienne. Félix mineur qui se prostitue pour survivre, Fatou, violée à plusieurs reprises le long de son voyage, enceintée par un passeur, a contracté le Sida... et tous les autres...Nous restons là, à les écouter le coeur serré, à nous dire à quel point ces femmes et ces hommes sont des héros, ils ont survécu au pire, à l'inimaginable, à l'inconcevable, l'insupportable.

Un projet Franco-Ivoirien autour de la migration clandestine.

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Nous voulons les faire témoigner et élever leur voix au delà des frontières. Témoigner c'est exister, c'est lutter contre l'oubli. Nous ne pouvons les entendre sans agir. Notre seule arme contre l'injustice et la cruauté, c'est dire, c'est raconter.

Et là, nous imaginons un projet fou, un projet grandiose...

Une tournée en Afrique de l'ouest, une caravane qui passerait dans les villages pour présenter un spectacle immersif mêlant : images vidéo et récits sur scène. Le mirage d'une Europe eldorado est tellement enraciné en Afrique que pour tenter de changer les mentalités il nous faut des preuves irréfutables, des images chocs et réalistes témoignant de la difficile réalité que vivent les personnes exilées en France. Nous allons produire un reportage, collecter des récits de vie de personnes arrivées en France, montrer dans quelles conditions elles vivent, quelles sont leur réalité. Réalité très éloignée de l'Eldorado fantasmé en Afrique.
 

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TOURNEE EN COTE D'IVOIRE

Une tournée de 2 mois et demi est prévue chaque année pendant 5 années consécutives. Chaque tournée se concentrera sur une région de Côte d'Ivoire, une vingtaine de villes ou villages concernés chaque année avec l'accord des autorités locales et nationales (directeurs d'écoles, mairies, chefs de villages, centre culturel). Le but étant de toucher au maximum les familles et notamment la jeunesse ivoirienne. Nous élargirons ensuite aux pays limitrophes francophones touchés par l'émigration.

Chargés de projet : Nathalie Tison et Lacina Traoré

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Objectifs :

Nous aimerions impacter et sensibiliser les jeunes Ivoiriens aux risques de l'exil vers l'Europe, les dangers des routes clandestines, quelques soient les chemins... la corruptions des douaniers, des passeurs, les viols répétés de femmes dont le corps sert de monnaie d'échange, les vols, les prises d'otages, les abandons dans le désert, les ventes d'êtres humains, la torture, l'emprisonnement en Libye, la traversée de la Méditerranée (depuis 2014, 20 000 personnes ont disparues en tentant la traversée dont environ 1/3 d'enfants et d'adolescents). Ces traumatismes indélébiles hanteront à tout jamais ceux qui auront la chance de s'en sortir.

Puis l'arrivée en Europe, avec l'enfer des démarches administratives, les années passées à attendre, les refus du droit d'asile, les ordres de quitter le territoire français, les recours et appels... avec la peur au ventre de se faire embarquer et reconduire à la frontière par les forces de l'ordre. Les conditions de vie déplorables à l'arrivée en Europe dans des camps de fortune, entassés dans des tentes au bord d'un périphérique, dans des squattes, expulsés, la faim tout le temps, le manque d'hygiène, la solitude, la dignité perdue, la honte.

Impossible de revenir en arrière les familles restées au pays ne veulent pas y croire. Quand on leur raconte, elles crient au mensonge. L'Eldorado tant rêvé, le pays qui fabrique l'argent, cette Europe fantasmé n'est qu'un leurre, un piège. Des fortunes sont dépensées pour envoyer leurs enfants vers une vie meilleure, avec l'espoir d'un retour sur investissement. Ceux qui ont tenté de revenir, les rapatriés sont maudits, rejetés par la famille, le clan, le village. Ils sont prit pour des menteurs qui voudraient faire croire que l'Eldorado n'existe pas, que c'est un mirage.

Les jeunes revenus au pays disent qu'ils ne disposaient pas de toutes les informations avant de partir et qu'ils ont écouté les fausses promesses des passeurs. Ceux-là exploitent la naïveté, la migration est un business qui rapporte beaucoup.

Intimement concernés par cette problématique, il nous est paru évident, nous artistes français, nous migrants de l'Afrique subsaharienne de mettre en oeuvre, ensemble, un projet et d'aller voir les gens sur place, sur le terrain, en leur apportant des témoignages vivants, des images, pour que ces vies gâchées, servent au moins aux générations futures. Nous avons un rôle à jouer, il noble, il est urgent.

Mais pour tenter de faire changer les choses, faut changer les regards, les constructions idéologiques des deux côté de la Méditerranée.
De notre côté nous voyons les migrants comme des masses s'agglutinant sur des zodiac et déferlant sur l'Europe et non pas comme des individus singuliers. Les réfugiés ne sont pas des délinquants, des clandestins ou encore des irréguliers, les mots en disent long sur nos craintes, notre anxiété voire nos peurs. Celui ou celle qui a tout quitté pour partir, qui a osé traverser les frontières au péril de sa vie témoigne d'une force de vie devant laquelle nous ne pouvons que nous incliner. Leurs récits nous touchent et nous impressionnent car ils s'adressent directement à notre coeur, à notre humanité. Laissons tomber les fausses images qui nous habitent collectivement et allons à la rencontre de l'autre, de sa culture, de son expérience, de ses différences.

EN FRANCE :

Nous comptons mener des projets transversaux en collaboration avec des Centres Sociaux et des Associations dans les villes accueillants des personnes issues de l'immigration. L'enjeu, pour nous, est triple, collecter des récits de vie de personnes migrantes afin de produire un documentaire destinés à la tournée en Côte d'Ivoire,  proposer des projets théâtre participatifs à des personnes en attente de papiers ou ayant été débouté du droit d'asile pour faire émerger sur scène les problématiques de vie, présenter ces saynète publiquement pour tenter de faire bouger les à prioris.

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Une première résidence été 2022 à Aurillac 

Invités par le Centre Social des Marmiers, celui-ci a mobilisé : France Terre d'Asile, Emmaüs, le Foyer des Jeunes travailleurs, l'école de la deuxième chance, l'AFORMAC. Nous avons rencontré 75 personnes, des demandeurs d'asile hébergés en Centre d'accueil, des mineurs isolés, des compagnons d'Emmaüs et des gens du quartier. Certains ont accepté d'être interviewé, nous avons collecté les premières images pour notre documentaire. En parallèle, a été créé un projet théâtre avec eux pour faire émerger leurs problématiques de vie. 8 nationalités différentes pour 13 participants. Une représentation publique a eu lieu sur la scène du Centre Social. Une vidéo du spectacle a été produite par la Compagnie, le film a été projeté en Septembre à Aurillac.
Le projet théâtre a permis à des personnes vivant dans l'ombre de prendre la parole, de se raconter publiquement, de jouer sur scène, la plupart n'osaient pas ou ne se sentait pas à la hauteur. Ils ont su jouer leurs drames de vie avec un brin d'humour et une grande virtuosité. Du côté du public, les regards ont bougé, une prise de conscience sur le vécu des personnes migrantes. La qualité d'écriture, leur interprétation a permis au public d'être touché, ému, de rire et de redonner à chaque interprète l'éclat qu'il mérite. Pour nous, ce fut une expérience très riche, nous avons pris et donné en retour. Nous avons pu collecter 6 beaux récits. Tous ont adressé le même message à leurs frères candidat à la migration : rester et créer une activité avec l'argent qu'ils dédiaient à leur voyage. Ceci nous conforte dans la nécessité de notre projet. 

La résidence a été soutenue par la Préfecture du Cantal dans le cadre de "Réouvrir le monde" 2022. 

Résidences 2023

Juillet 2023 : Accueillis en résidence par l'association Rosmerta à Avignon, 2 semaines en immersion dans le lieu de vie de jeunes mineurs isolés. De nombreux récits de vie ont été collectés. Un spectacle a été réalisé avec 7 jeunes, retraçant le parcours d'un jeune mineur face aux administrations françaises. Une représentation a eu lieu lors d'une guinguette de Rosmerta. Ce projet a été soutenue par la DRAC Provence-Alpes-Côte d'Azur dans le cadre de l'Eté culturel 2023.

Septembre 2023 : Accueillis en résidence par l'association Famille au Grand Coeur, Montpellier. Cette association accueille et soutient des personnes exilées LGBT+.

Un spectacle a été présenté à l'espace de l'étang de l'or à Pérol à l'issue de la résidence. Nous avons imaginé un ordre mondial inversé où l'Afrique serait devenue première puissance mondiale et l'Europe aurait subit un déclin tel que ses habitants auraient dû partir en urgence, traverser la Méditerranée dans l'espoir de trouver un monde meilleur en Afrique. Cet effet miroir nous livre le reflet de notre humanité. 10 jeunes ont participé à l'écriture et au jeu. Nous avons été invités par France Bleu Région pour parler du projet.

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